C’est une des recommandations formulées par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) pour endiguer les besoins de main d’œuvre récurrents. Dans une récente étude, l’organisation y renverse également certains mythes relatifs au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET).
Face à une pénurie de profils canadiens, certaines PME se tournent vers le PTET pour pourvoir leurs postes. Or le gouvernement fédéral a apporté des amendements au dispositif, le rendant moins rapide et surtout plus coûteux pour la faible portion de PME qui l’utilise souligne la FCEI dans son rapport « Pour une solution durable : des travailleurs étrangers qui restent » publié en décembre. La fédération, tout en rappelant l’utilité du programme, déconstruit les allégations formulées à l’encontre du PTET ces derniers mois.
D’aucuns contestent ainsi la pénurie de main d’œuvre au Canada. Pourtant, elle est un problème majeur pour 51% des entrepreneurs canadiens selon le sondage de la FCEI. Pour 33% des employeurs, elle est un frein à leur production ou à leurs ventes. Ces difficultés de recrutement ont des répercussions sévères ; plus d’heures de travail pour 71% des patrons d’entreprise, une embauche de candidats de piètre qualité pour 68% des répondants et une baisse de productivité pour 53% d’entre eux.
Des embauches via le PTET pour 10% des PME
Certains doutent de la volonté des entrepreneurs à faire les efforts nécessaires pour attirer la main d’œuvre canadienne. Pourtant 93% font à appel à l’entourage pour se voir référer un candidat, 69% publient des annonces sur Internet, 64% dans les journaux. 73% affirment avoir recruté au-delà de leurs limites géographiques, 72 %, avoir augmenté les salaires, 46%, avoir offert des horaires plus flexibles. D’autre part, seule une petite partie des PME a eu recours au PTET soit 14% des chefs d’entreprise interrogés et 10% ont réussi à embaucher un travailleur étranger par ce biais-là.
Autre allégation erronée : enclencher une procédure dans le cadre du PTET serait facile. Pourtant, 62% d’entre eux qualifient la rapidité du processus de médiocre. 30% donnent une note inférieure à la moyenne au coût du processus et 32% à la disponibilité des renseignements. Et parmi les raisons pour lesquelles des PME ne parviennent pas à embaucher via le PTET, 64% des entrepreneurs pointent la longueur des délais et 41% la complexité de la paperasse administrative. 30% des sondés ont ainsi dû attendre de 13 à 24 semaines pour voir leur demande traitée. Enfin, autre mythe qui s’effondre : les frais devant être engagés par une entreprise ne sont pas élevés. Et pourtant : il faut compter entre 5 000 $ à 10 000 $ par travailleur. Pourtant, malgré tous ces obstacles, 84% des répondants déclarent le PTET « plutôt utile » ou « très utile », pour résoudre leurs difficultés de recrutements.
Ouvrir une voie aux résidences permanentes
La FCEI partage ses inquiétudes liées aux changements apportés au PTET l’an dernier qui pourraient rendre le dispositif encore plus coûteux et plus contraignant, tout en limitant la possibilité d’y recourir. Et les modifications introduites en juin 2014 ne feraient qu’empirer la situation. La fédération énonce qu’aucune entreprise ne devrait se voir interdire la possibilité d’établir son besoin d’utiliser le PTET. Elle souhaite également l’ajout d’un volet distinct relatif aux entreprises des secteurs de l’hébergement et de la restauration et du commerce de détail, tendant à rétablir leur accès au PTET.
Parmi les autres recommandations exposées dans l’étude, on trouve l’ouverture d’une voie vers la résidence permanente pour tous les travailleurs étrangers temporaires. En effet, chaque année des milliers de travailleurs étrangers temporaires peu qualifiés arrivent sur le sol canadien. Ils ne peuvent accéder à la résidence permanente car elle est réservée à ceux issus de métiers spécialisés ou de niveau d’éducation élevé. Elle insiste sur l’importance d’établir des mesures transitoires ponctuelles afin de permettre aux travailleurs étrangers temporaires actuellement au Canada et dont la demande de résidence permanente est en cours d’évaluation de rester au pays et d’y travailler jusqu’à ce que ce processus ait été mené à terme. Cela pourrait passer par une prolongation des visas de travail. Enfin, elle rappelle aussi la nécessité d’établir une charte des droits des travailleurs étrangers temporaires afin de protéger cette population des plus vulnérables.