Une nouvelle donne pour les recruteurs

Depuis plus de quinze ans, j’œuvre en gestion des talents : du recrutement à la gestion des carrières, et des hauts potentiels au coaching. Combien de talents ai-je vus défiler dans mon bureau? Combien d’individus en quête de défis, de pouvoir, d’argent, de meilleure entreprise ou plus simplement en recherche d’un équilibre de vie? Tant d’attentes à gérer, tant de promesses que nous ne pouvons pas toujours tenir, tant de rêves qui se transforment parfois en réussite professionnelle mais aussi en frustrations. Le rôle des recruteurs est en mutation. Le recrutement ne devrait plus être une fonction d’entrée dans les entreprises, considérée comme un purgatoire pour le jeune professionnel des ressources humaines qui fait son entrée dans le métier des RH. Il ne devrait non plus être perçu comme une simple commodité par les entreprises. À l’heure des partenaires d’affaires RH, on devrait considérer les « chasseurs de têtes » au même titre que les comptables, les avocats ou les actuaires-conseils. Ce sont de précieux alliés qui, mal utilisés, peuvent être nocifs à l’image de l’employeur qu’ils représentent.

Confier un mandat de recrutement à l’externe est loin d’être sans conséquences. Quand certains y voient une grande valeur ajoutée, d’autres y font un triste constat d’échec. Ils estiment que leur service de dotation ou leur gestionnaire n’a pas été capable de trouver lui-même la perle rare. Ils placent alors toutes leurs attentes dans leur recruteur externe. Ils le voient comme le « Messie » tout en le jalousant d’empocher les honoraires attachés à leur insuccès. Mais les chasseurs de têtes ne sont pas des magiciens et n’ont pas le pouvoir de faire des miracles. Les employeurs s’attendent encore trop souvent à des candidats qui n’existent que dans leurs rêves et dans leur job descriptions et certains candidats, de leur côté, croient encore au père Noël… lorsqu’on leur promet d’augmenter leur salaire en leur offrant un équilibre travail-famille, une salle de billard, des services personnels à la carte ou encore un bureau avec vue. Nous verrons bien ce que la prochaine crise – récession pour les plus pessimistes – nous réservera et si les entreprises qui avaient mis le « branding employeur » au top de leur priorité ne seront pas sacrifiées sur l’autel de la performance et des rendements financiers. Crise ou pas, n’empêche que …

Depuis les dernières années, la conciliation travail-famille ou l’équilibre de vie est devenu le critère numéro un de la majorité des individus que nous rencontrons. L’échange a bien évolué. De l’entrevue classique des années 80 et 90, qui privilégiait le recrutement sous le stress ou la pression, nous sommes passés à une remise à niveau. Le recruteur n’a plus le gros bout du bâton. Le métier de chasseur de têtes a perdu de son côté « glamour ». Un jour, les recruteurs se sont réveillés avec des candidats qui leur posaient des questions. Beaucoup de questions. Trop d’ailleurs pour certains qui préféraient ne pas y donner suite et écarter ce candidat qui ne « jouait pas leur jeu ». Réveil dur pour certains, rafraichissant pour d’autres. Enfin le candidat s’est réveillé, il est sorti de sa torpeur et de la peur de ne pas obtenir « la job ». L’entrevue est devenue un échange et un espace de rencontre où chacun se présente et s’évalue. On est sur un pied d’égalité. Pour preuve, on n’a jamais parlé autant du « branding employeur ». Même par les temps qui courent, où la crise fait rage, on parle encore du « branding » et de la façon d’attirer et de retenir les meilleurs talents. Espérons donc que les recruteurs ne baisseront pas les bras et que les entreprises ne reculeront pas face aux difficultés financières. Voyons 2009 et les années qui suivront comme la venue d’une nouvelle ère RH.

Nathalie Francisci, Adma, CRHA
Vice-présidente exécutive
chez Mandrake Groupe Conseil

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