J’ai passé une semaine avec un « pur spécimen » de la génération Y : Sean Aiken, 25 ans. Originaire de Vancouver, il a appris le français à Trois-Pistoles lors d’un voyage d’été. Ce brillant diplômé en administration, un passionné de surf, a décidé en février 2007 de se lancer dans une aventure personnelle peu banale. Sean Aiken consacre cette année à tester le plus d’emplois possible pour tenter de trouver sa voie. Chaque semaine, il change donc d’employeur et parcourt le Canada à la recherche du « job idéal ». Il refuse catégoriquement de s’enfermer dans un système auquel il n’adhère pas à 100%. Face aux possibilités qui s’offrent à lui, il s’est créé un blogue (www.oneweekjob.com), s’est trouvé un commanditaire (www.beljob.ca– je sais, c’est la boîte de mon conjoint) et une bonne cause (www.makepovertyhistory.org), un organisme de lutte contre la pauvreté auquel il versera la totalité de sa rémunération pendant un an.
Sean Aiken a débarqué dans mon entreprise pour sa quatorzième semaine de travail, arborant fièrement de longs « dreadlocks » blonds attachés en queue de cheval et un costume gris foncé. Pour un cabinet de recherche de cadres comme le nôtre, dont la clientèle est plutôt conservatrice, l’expérience promettait des défis. J’ai eu l’occasion de vivre une semaine avec l’un de ces Y typiques, trop souvent décrits comme des jeunes égocentriques, impatients, intransigeants et pleins d’aplomb.
Au premier coup d’œil, je me suis demandé ce que je pourrais bien lui confier. Son esprit vif, sa curiosité et son écoute attentive ont dissipé mes doutes. J’ai découvert un jeune homme à la pensée très structurée, doué d’une grande sensibilité, et qui cherche à donner un sens à sa vie en combinant travail et plaisir. J’en ai tiré ma première leçon : si Sean Aiken incarne l’archétype de sa génération, nous avons affaire à des jeunes beaucoup moins individualistes qu’il n’y paraît et dont les valeurs ressemblent à celles des baby-boomers, qui eux aussi avaient un idéal de vie.
Pendant une semaine, Sean Aiken est devenu « Courtier en Talents ». Il a assisté à des entrevues de recrutement et à des conférences téléphoniques, il a saisi des dossiers, rédigé des rapports d’entrevues et mené des recherches pour repérer les perles rares. « Un vrai travail de détective ! » qui l’a amusé. Après le passage de Sean, voici ce que je dois conclure à propos des jeunes de la génération Y :
- Inutile de leur confier des tâches sans leur en expliquer le pourquoi. Il faut leur donner une perspective et leur montrer comment ils contribuent à la réalisation de l’ensemble. Vous devrez prendre du temps pour expliquer votre vision des choses.
- Bâtissez-vous une « offre employeur ». Ils veulent savoir ce que VOUS avez à leur offrir et ce qu’ils retireront de leur expérience au sein de votre organisation. Décrivez- leur les compétences qu’ils doivent développer pour être performants et comment vous les aiderez à les acquérir. Offrez- leur des occasions d’apprentissage en permanence. Ils vous interrogeront et vous mettront au défi , soyez prêt à leur répondre. Ce ne sera pas du temps perdu, puisque ce questionnement alimentera votre propre réflexion.
- N’imposez pas votre autorité, mais plutôt votre crédibilité. C’est à eux de vous reconnaître comme patron, et non à vous de vous imposer comme tel.
- Soyez cohérent dans votre stratégie. Ces jeunes sont mieux formés et plus éduqués que vous ne l’imaginez, et leur esprit critique est très développé. Ils ne manqueront pas de vous faire remarquer la moindre faille dans votre plan.
Quand Sean a quitté notre bureau pour son emploi suivant, il ne savait pas encore pour qui il allait travailler. Aucune inquiétude, il avait la fin de semaine devant lui pour se trouver un nouvel emploi et offrir une nouvelle expérience à quelqu’un. Ce « quelqu’un » pourrait être vous.