Avec la cure d’austérité imposée aux universités québécoises, la tentation de chercher du financement du côté des entreprises deviendra de plus en plus forte. Pour ces dernières, s’allier aux universités est bénéfique notamment pour les rendre plus innovantes.
Fin 2014, le Centre d’entreprises et d’innovation de Montréal et l’Université McGill ont signé une entente pour offrir aux étudiants de McGill qui sont entrepreneurs des services de coaching et de consultation afin de les aider dans l’incubation et la croissance de leurs entreprises.
En janvier, le recteur de l’Université de Montréal, Guy Breton, a déclaré aux membres de l’association des MBA du Québec qu’il fallait créer de nouveaux partenariats universités-entreprises et qu’une meilleure collaboration entre le monde universitaire et le milieu privé était essentiel au développement des universités. Il a plaidé pour l’organisation à l’automne prochain d’un grand forum à ce sujet.
Une marge de développement
Ces annonces sont le signe d’un intérêt grandissant pour les partenariats universités-entreprises au Québec. Le potentiel est grand, car cette forme de collaboration reste moins répandue qu’aux Etats-Unis, par exemple. Si l’accueil de stagiaires est largement pratiqué par les entreprises québécoises, les partenariats de recherche au long cours, pourtant vitaux pour l’innovation québécoise, restent insuffisants. Selon une étude réalisée en 2012 par Léger Marketing, 77 % des centres de recherche ou chaires sondés sont financés à moins de 20 % par le privé.
Pour les entreprises, ces collaborations présentent l’avantage de répondre précisément à leurs besoins. Elles leur permettent également d’être plus innovantes et donc de gagner en compétitivité. Autre avantage pour les entreprises : ces partenariats sont l’occasion de mettre en place des relations avec des étudiants appelés à entrer sur le marché du travail et donc à éventuellement rejoindre leurs équipes. Dans un contexte de pénurie de talents, mettre la main des perles rares dès l’université est un atout non négligeable.
Gagnant-gagnant
Depuis 2011, l’Université de Montréal est partenaire d’Ubisoft, qui finance à hauteur de 200 000 $ la Chaire industrielle CRSNG-Ubisoft en apprentissage de représentations pour les jeux vidéo immersifs. Faisant travailler ensemble étudiants, chercheurs, ingénieurs et développeurs, ce programme permet d’allier savoir-faire universitaire et application pratique.
En décembre dernier, la compagnie CAE Santé, qui fournit des solutions de formation basées sur des appareils de simulation, a annoncé qu’elle prolongeait de cinq ans son entente avec la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. CAE Santé a équipé le Centre d'apprentissage des attitudes et habiletés cliniques de l’université et a fourni des instructeurs. En cinq ans, cette collaboration a permis aux étudiants en médecine d’être mieux préparés à la réalité du terrain, grâce aux appareils de simulation, et à CAE de transposer son expertise en formation du secteur de l’aviation vers celui de la santé. De plus, le centre lui sert de laboratoire de recherche pour expérimenter de nouvelles améliorations de ses produits.
Certains partenariats universités-entreprises sont durables, comme celui qui unit le fabricant et transformateur d’emballages Cascades à l’Université de Sherbrooke depuis plusieurs années. En 2009, ils ont conclu un protocole plus poussé, qui s’est traduit par de la recherche et développement, mais aussi par l’accueil d’une cinquantaine de stagiaires par an. « Il y a plein de gens que j’ai embauchés, des ingénieurs qui ont travaillé en usine, et dès la journée un, ils sont déjà fonctionnels, a expliqué le chef d’exploitation de Cascades Mario Plourde, sur le site de l’entreprise. On peut déjà leur donner des responsabilités, ça fait une très grande différence! »